Nous choisissons 1891 afin de pouvoir y inclure les 3 points d’arrêt nouveaux que sont Henripont, Fauquez, Oisquercq et la direction S-N et ainsi de suivre le cours normal des eaux de la Sennette.
Départ de la gare d’Ecaussinnes (Sud)
Ainsi dénommée depuis le 20 mai 1884 pour ne pas la confondre avec Ecaussinnes (Nord) nouvellement créée – Carrières de pierre bleue renommées – Croisement des lignes : Gand – Charleroi et Bruxelles – Clabecq – Chimay – Altitude : 108,489 m.
D’Ecaussinnes (Sud) à Ecaussinnes (Nord) : 2.958 mètres
Nous prenons la direction de Braine-le-Comte (voie double). Après le pont-tunnel, notre ligne de la Sennette n° 74, à voie unique, se détache sur la droite et amorce une large courbe montante (3,5%), au fond d’une profonde tranchée qui, après le pont dit « de Ronquières », l’amène au point culminant de la ligne 113,07 m. Elle descend ensuite rapidement (10%) sur Ecaussinnes (Nord), station permettant le croisement de deux trains, cour à marchandises, rampe de chargement, gabarit… (altitude : 104,6 m)
D’Ecaussinnes (Nord) à Henripont : 3.242 mètres
Au sortir de la gare, la voie passe, en remblai, sur un viaduc qui scinde en deux la drève du château de la Follie, à hauteur du feuillage. Elle aborde, par le haut, le versant Ouest de la vallée encaissée de la Sennette.
Vue magnifique. Elle descend ensuite ce versant par une longue pente de 11,86 % (la plus longue et la plus forte pente de la ligne) et arrive à Combreuil (33 m plus bas, altitude 71,6 m). On peut y voir un magnifique moulin historique.
Nous sommes au point d’arrêt gardé d’Henripont, situé à 1,4 km du village, perché 70 m plus haut à l’orée du bois de la Houssière.
Les 3 gares précitées sont situées sur le territoire de l’ancienne commune d’Ecaussinnes-d’Enghien.
D’Henripont à Ronquières : 2.588 mètres
La descente continue moins marquée toutefois, environ 6%. Mais, comme la voie atteint le fond étroit de la vallée où serpente une Sennette capricieuse, des rectifications de rivières se sont imposées ainsi que la construction de 3 ponts métalliques sur méandre. La vallée brusquement s’élargit et découvre le village de Ronquières (sans son « plan inclina », ni sa tour), au confluent de la Sennette et de la Samme amenant avec elle, sur sa droite, le Canal de Charleroi (le tout premier avec ses « sabots » de 70 tonnes). Encore deux ponts sur la Samme, aujourd’hui sans utilité puisque la rivière termine sa course en déversant ses eaux dans le canal, au pied du plan incliné.
La station de Ronquières nous attend, altitude : 60,58 m, gare de croisement, cour à marchandises, etc… Une troisième voie d’évitement se rapproche du chemin de halage et laisse supposer qu’un transbordement wagon – bateau était possible.
De Ronquières à Fauquez : 1.653 mètres
La plus courte distance entre 2 gares.
Sennette, canal et chemin de fer vont maintenant de concert dans une vallée élargie, la pente moyenne est inférieure à 2,5 % autant dire que nous avons atteint l’horizontalité. Encore un pont sur un méandre, à Piedeau, et c’est Fauquez, sans ses verreries, ni sa populeuse agglomération.
Une petite papeterie mise en vente, dès 1885 par Charles Catala et son épouse, née Guilmot, sera rachetée deux fois et reprise, en très mauvais état, par Emile Michotte en 1899. Fauquez : point d’arrêt gardé : altitude 57,49 m.
De Fauquez à Virginal : 2.207 mètres
Quittant Fauquez, le train passe au fond d’une profonde tranchée creusée dans la roche schisteuse, sous un impressionnant viaduc à 3 arches. Un pont sur la rivière à la hauteur du « Château Brancart » et nous débouchons sur le territoire de l’ancienne commune d’Ittre. Chers lecteurs, ne dites donc plus jamais que le train ne passait pas à Ittre. Il y est passé durant 93 ans, sur une longueur d’environ 1,4 km, entre le pont précité sur la rivière et le pont peu avant les papeteries d’Hasquempont. L’explication est toute simple. La Sennette constituait jadis la limite naturelle entre Ittre et Virginal. En conséquence, quand la rivière passait à l’Ouest du chemin de fer, celui-ci était sur Ittre. Il cessait de l’être quand la rivière repassait à l’Est. Pour être tout à fait honnête, il faut probablement amputer cette courte distance d’une centaine de mètres encore, suite à un recoupement de méandre qui a maintenu artificiellement la rivière à l’Ouest du chemin de fer, 300 mètres au Nord de l’écluse n°41 (1er canal). (Carte d’Etat-Major au 20/1000 de 1906) ?
Pendant que la rivière va tracer sa boucle vers le pont d’Hasquempont, la voie ferrée vire à gauche et passe sous la route d’Hennuyères à Lillois avant d’entrer en gare de Virginal (altitude : 55,36 m), véritable balcon sur une courbe du vieux canal, non encore dissimulé par une végétation surabondante. Entre la gare et le canal, une Sennette murmurante et fraîche, sous un tunnel de verdure, très agréable à découvrir aujourd’hui, mais si difficile d’accès.
Virginal : gare de croisement, halle à marchandises…
Le bâtiment des recettes est du même type que celui de Ronquières, Ecaussinnes (Nord) et Clabecq. La station de Virginal allait devenir le centre névralgique de la ligne entre Ecaussinnes et Clabecq, grâce à toute une série d’événements favorables.
Un raccordement ferré avec les Papeteries de Virginal S.A. aboutissait à la gare, parallèlement à la voie principale, au-delà du 2ème quai dont il était séparé par une petite haie et un petit fil.
Une correspondance était assurée avec les trams Nivelles – Braine-le-Comte dont l’arrêt était situé face au bâtiment de gare.
Deux voies vicinales permettaient un croisement ou des manœuvres éventuelles (1907). L’une d’elle conduisait au dépôt vicinal toujours visible de nos jours mais abandonné (Maison, prise d’eau, remise à deux voies, le tout d’une architecture caractéristique)
Un bureau Central de Télégraphe et Téléphone fut installé dans l’aile nord du bâtiment de gare.
La « Semaine Brainoise » du 7 août 1904 annonce qu’on peut téléphoner de Braine, pour 0,25 F par 5 minutes, à Bruxelles et à son groupe dans lequel figure Enghien, Nivelles et Virginal, déjà !
Mais après la guerre 14-18, le téléphone pénètre dans les villages et chez les particuliers.
Le « Central » couvre alors Ittre, Haut-Ittre, Fauquez, Ronquières et même Oisquercq et Hennuyères, en partie.
Un haut poteau de communications se dressait tout près. Dans les années 20 et 30, deux opérateurs, Maurice Demoulin d’Asquimpont et Robert Sempos de Ronquières, se relayaient entre 6 h du matin et 10 h du soir (le dimanche entre 8 h et 17 h). Les abonnés qui désiraient le service de nuit étaient branchés sur Tubize ou Bruxelles. On sonnait le bureau en tournant la petite manivelle d’un appareil mural. On décrochait le cornet, on le portait à l’oreille et dans le microphone on appelait : « Allo ! Le 11 à Virginal s.v.p. ? »
Manuellement, par un système de fiches, l’opérateur vous mettait en communication avec le Docteur Dumont, d’Ittre. Le 2, c’était Catala, le 3, la Centrale électrique de Oisquercq, les 6 et 15, les Verreries de Fauquez, les 23-36, les Papeteries, le 54, la « Belle Hôtesse » à Ronquières…
Enfin, la construction de la filature Catala, rue de Samme, donna aussi plus d’importance à la gare de Virginal.
Point de rencontre d’une clientèle venant des deux gros villages voisins, Virginal (à 2 km) et Ittre (à 4 km) (y compris Huleux), la place de la station et ses abords, rue de Samme, eut ses quatre ou cinq café (Lebrun – Mathurin…), son magasin (Victor Bette), sa ducasse (Fête-Dieu) avec son jeu de balle traditionnel et sa « viole » sous tente. Toutefois, je pense que la proximité d’Hasquempont (canal, pêcheurs, mariniers, personnel de halage, pont, écluse, magasins et cafés animés par la sortie des ouvriers de la papeterie) empêcha le quartier de la gare de se développer davantage.
De Virginal à Oisquercq : 3.266 km
Brusque virage à droite au sortir de la gare de Virginal. La ligne remonte le versant et atteint l’altitude de 57,4 m. Elle passe dans une étroite tranchée enjambée par un pont qui conduit aujourd’hui vers la grande écluse d’Ittre. Après, c’est la descente rapide (10%) vers le fond de la vallée. On traverse le passage à niveau de Saint-Quirin disparu depuis les travaux du canal. La maison du garde-barrière est toujours là, transformée en résidence secondaire. Après une ligne droite en léger remblai, voici le point d’arrêt gardé de Oisquercq (altitude 47,6 m) et son passage à niveau, à 500 m de la place du village.
Les gares de Fauquez, Virginal et Oisquercq sont situées sur le territoire de l’ancienne commune de Virginal qui eut donc, elle aussi, ses 3 gares. La protubérance cartographique virginaloise, au fond de laquelle se trouve la gare de Oisquercq, sera rattachée à l’entité de Tubize, en 1977.
De Oisquercq à Clabecq : 2.600 km
Après le passage à niveau, nouvelle tranchée qui débouche au confluent de la Sennette et du Hain, au Hameau du 45. Le chemin de fer venant de Braine-le-Château traverse le canal sur un pont métallique et rejoint notre ligne qui maintenant longe les Forges.
Nous pénétrons dans la gare de Clabecq (3 voies à quai). Les lignes à voie unique, Tubize-Braine-l’Alleud et Ecaussinnes – Lembecq, s’y croisent. Nous sommes sur le territoire de Tubize, à 800 m de l’église et à 600 m de la place de Clabecq, à l’altitude 41,5 m.
De Clabecq à Lembecq : 3.095 km
Dernière étape du voyage. Une voie se détache sur la gauche et bifurque à 180° vers Tubize, avec son Atelier Métallurgique mais sans la Soierie. Un dernier pont sur la Sennette et celle-ci va se noyer dans les eaux de la Senne.
Un autre pont, sur la Senne cette fois, et notre petit chemin de fer, lui aussi au bout de sa course, va se réfugier dans les doubles voies de la ligne de Bruxelles. Encore 1 km 4 et nous entrerons en gare de Lembecq.