Eglise Sainte Aldegonde de Feluy
Une église primitive fut donnée par Robert et Hugo d’Harvengt en 1177 à l’abbaye de Bonne-Espérance. Une maison de cure existait au moyen-âge dont il n’est rien resté, mais on sait que le temple roman était orienté le chœur à l’est.
Il fut remplacé dans la deuxième partie du 14e siècle par une église gothique. Jeanne de Trazegnies la fonda en l’honneur de la Sainte Vierge. L’évêque de Cambrai approuva cette fondation le 25 mars 1368. Elle était moins haute que l’actuelle.
Au début du 16e siècle il fallut remplacer le clocher roman qui menaçait de tomber. La nouvelle tour porte la date de 1555, comme l’indique la clé de voûte. La voûte est un spécimen assez rare dans nos contrées dite Plantagenet. Une tourelle dont la porte était marquée d’un arc flamboyant contenait l’escalier donnant accès au clocher.
Le 10 janvier 1580, des calvinistes iconoclastes menés par Denis van den Tympel, venus de Bruxelles ravagent l’église de Feluy après avoir pillé et incendié les couvents de Nivelles. Autels, statues et livres sont détruits.
L’église fut rebâtie en 1586 avec trois nefs séparées par des colonnes. Grâce à une collecte, l’église fut en outre dotée d’une cloche. L’autel Sainte-Aldegonde fut reconstruit en 1589. La réparation de la toiture ayant été provisoire, la ducasse de 1598 marqua la reprise des travaux.
Une gravure d’Adrien de Montigny à Vienne montre le vieux clocher massif de style roman percé de petites fenêtres, séparé du bâtiment de l’église.
En 1631, les autels sont ornementés et principalement celui d’Aldegonde.
En 1635, l’autel de la Sainte Vierge est restauré grâce aux dons de Jean Gauldre.
La chaire, installée en 1707 existe toujours.
Mais l’incendie initial avait causé de grands dégâts à la tour. Elle fut rénovée en 1722, faisant disparaître les dernières traces de style gothique. On enferma la tour dans l’église et on fit placer des portes sur les côtés des nefs.
En 1742, l’intérieur de l’église fut carrelé. Auparavant les pierres tombales constituaient une sorte de carrelage.
Mais cela ne suffit pas, l’église s’effritait toujours. Il faudra la reconstruire. La comtesse de Blois fit restaurer le bâtiment en faisant voûter la nef et le choeur. Elle fit construire une nouvelle sacristie et une chapelle particulière (chapelle Madame).
A la révolution française, la région est annexée. La chanoinesse de Nivelles part en exil. Les livres paroissiaux de baptêmes, mariages et décès sont saisis et constitueront la base de l’état civil actuel.
L’abbaye de Bonne Espérance dont dépendait depuis toujours l’église de Feluy est fermée et vendue.
Le 8 septembre 1797, le curé et le vicaire s’enfuient. L’église est fermée faute de clergé.
Le culte se poursuit néanmoins en privé, dans des fermes.
Plus tard l’autorité publique désignera un prêtre jureur c’est à dire ayant prêté serment aux idéaux révolutionnaires, Jacques Vanden Berghen, un carme de nivelles n’ayant plus de couvent. Mais cela ne dura pas car la population montrait son mécontentement. Il sera remplacé par l’abbé Philippe-Joseph Vermozen qui fut aussi instituteur.
Avec le concordat de 1801, l’ancien curé reprendra sa place après moult rebondissements.
En 1825, deux cloches sont offertes par Augustin Frize.
En 1827, à l’occasion du placement des orgues, on construisit le jubé.
En 1858, une nouvelle restauration est décidée. Mais elle ne fut effective qu’en 1887 alors que tout menaçait de s’effondrer.
Au cours du 19e siècle, de nombreux dons vinrent agrémenter l’église d’œuvres d’art.
En 1907 et 1908, de grands travaux sont effectués à l’intérieur. La tribune est enlevée et en la remettant dans la tour, on lui donne son emplacement définitif.
En 1911, l’église est repeinte.
En 1940, un obus traverse la toiture du chœur sans exploser.
En 1943, les allemands enlèvent les deux cloches offertes par Mr Frize. Elles seront remplacées en 1955.
L’église contient des oeuvres qui constituent le reflet de son histoire: quelques statues du 16ème siècle, le tabernacle renaissance, ajouré aux armes de Bousies, des pièces d’orfèvrerie de l’époque Louis XIV, des statues en terres cuites du 16eme et en bois du 18eme, des lustres en cuivre originaux et quelques beaux tableaux, des pierres tombales illustrent la vie des familles notables de Feluy dès 1604.
Depuis les restaurations continuent et en 1977 on fêta le 8e centenaire de la paroisse.
Les éléments de cet article sont tirés de divers bulletins de la Société de recherche historique et folklorique de Seneffe, ainsi que de l’ouvrage « Petite histoire des hommes, des noms de lieux » par Alain Graux. Ce dernier est consultable à la bibliothèque d’Arquennes.