Pour déposer les produits provenant des terrassements en déblais, l’entrepreneur pouvait utiliser des terrains mis gratuitement à sa disposition par le maitre de l’ouvrage. Liberté était laissée à l’entrepreneur d’utiliser aux mêmes fins des terrains qu’il se procurait à ses frais.
La combinaison des deux possibilités fut , dans la pratique, effectivement adoptée. Au moment de la mise en train des travaux, seuls les terrains de l’Etat situés en bordure du canal à creuser furent utilisés.
Faute de temps et par manque de personnel il n’avait pas été procédé à une étude géotechnique préalable et poussée sur le comportement des terrains pendant et surtout après le remblayage alors qu’une étude semblable avait été faite pour les terrains à déblayer.
Le contrat prescrivait cependant , sans rien indiquer au sujet de la teneur en eau et de la compacité à réaliser dans les remblais que ceux-ci seraient profilés suivant une inclinaison de talus de 8/4 entre bermes de 4.50 mètres de largeur entre distantes de 4.50 mètres dans la hauteur. Les remblais devaient être réalisés par couches horizontales de 0.50 mètres d’épaisseur maximum après damage par un moyen mécanique approprié.
L’étude géotechnique pour exécuter avec sécurité la tranchée à ouvrir dans la crête de partage avait conduit à prévoir dans les terrains quaternaires et tertiaires des inclinaisons de talus respectivement de 10/4 et de 14/4. Les remblais, pour des raisons d’économie et à l’effet d’utiliser les terrains de dépôt au maximum, prévoyaient pour ces mêmes terrains des inclinaisons de talus de 8/4.Ce qui laissait supposer que le moyen mécanique artificiel approprié à utiliser pour le damage des remblais pourrait donner aux remblais une consistance supérieure à la consistance naturelle du sol en place formé à la faveur des âges géologiques.
Les terres de remblais constituent en général un système triphasé ( grains, eau, air) et l’expérience avait déjà prouvé aux remblais importants du canal Albert que, pour un mode de damage donné, appliqué avec une énergie constante par unité de volume, les valeurs du poids volumétrique sec, en fonction du pourcentage d’eau contenu dans les terres, présentent un maximum pour une teneur en eau optimum.
Une étude géotechnique et des essais effectués après le début des travaux sur les terres en cours de remblayage avaient montré que leur résistance à la pénétration était faible sinon nulle, ce qui excluait l’utilisation pour le compactage de ces terres de rouleaux compresseurs lisses ou à saillies diverses et qui devaient circuler sur les terres à compacter. Ces engins devaient s’enliser inévitablement dans les terres à compacter, ce que l’expérience révéla malheureusement exact.
L’assèchement des terres avant excavation par drainage, puits filtrants, rabattement sous vides ou électro-osmose ne pouvait pas être envisagé vu les dépenses qui en auraient résulté et la durée qui aurait été nécessaire pour que ces procédés donnent leur résultat, durée qui aurait été incompatible avec celui fixé pour l’exécution des travaux.
L’entrepreneur avait espéré que l’emploi du remblayeur, qui débitait les terres en petites masses à raison de 1 m 3 par seconde environ, avant d’être déposées sur la courroie transporteuse du remblayeur pour les faire tomber ensuite, librement, d’une grande hauteur, favoriserait le tassement par l’impact dû à la vitesse de chute, réduisant ainsi au minimum le pourcentage de vides des remblais Ce système aurait finalement donné un damage suffisant des terres remblayées mises en place par couches de plusieurs mètres d’épaisseur, la voie de roulement du remblayeur pouvant directement prendre appui sur ces couches après qu’elles étaient réalisées.
L’expérience montra cependant que ces espérances étaient vaines et que le compactage des terres ainsi conçu était insuffisant pour réaliser les remblais sur les terrains de dépôt suivant les inclinaisons de talus envisagés primitivement.
Une étude géotechnique conduisit à modifier les inclinaisons des talus pour les dépôts ce qui, d’une part, réduisit la capacité d’utilisation du dépôt et d’autre part contraignit à utiliser d’autres terrains de dépôt pour y loger le volume non logé avec les conséquences financières qui en résultèrent.
L’exécution des remblais fut poursuivie jusqu’à achèvement des travaux sans autre difficulté.
Voir aussi
- Tracé et caractéristiques du canal primitif
- Transformations successives de l’ouvrage
- Imperatif des travaux de modernisation
- Sondage de reconnaissance des terrains
- Etude géologique détaillée
- Hydrologie des terrains traversés
- Essais physiques et mécaniques des terrains
- Détermination du profil
- Exécution des travaux de terrassements
- Décharges
- Travaux complémentaires
- Importance des travaux