Les principaux travaux complémentaires ont comporté en ordre principal d’une part, la défense du talus incliné de la partie supérieure de la cunette et d’autre part le drainage permanent des talus de la tranchée.
Défense des berges
Elle consiste en un perré de flottaison comportant une fondation de pied en pieux, ventrière et palplanches jointives en bois sur laquelle vient s’appuyer un revêtement en béton ordinaire bétonné en plaques jointives.
Drainage permanent des talus
L’équilibre des drains sous l’effet de l’eau provenant de l’intérieur du massif d’une part et de l’eau de ruissellement d’autre part devait être assuré et constituait la garantie de la stabilité des talus de l’importance de ceux de la tranchée une fois ouverte. Un déséquilibre, même accidentel, des grains se trouvant à la surface des talus peut être la cause de formation d’une surface de glissement plus étendue et entrainer avec elle la rupture du talus dans son ensemble.
On s’est donc imposé de rechercher la limité de pente des talus qui est encore en équilibre sous l’effet de l’eau sortant de l’intérieur du massif et ayant déterminé cette pente limite. On a pris toutes les mesures voulues pour qu’elle soit maintenue. Les saignées que fait la tranchée dans les sables fins bruxelliens et yprésiens naturellement drainants ne feront qu’achever cette fonction drainante.
A l’intersection de la face inférieure de ces couches avec les talus, des sources pourraient se produire qui donneraient lieu à un entrainement de sable et au phénomène conséquent de l’érosion interne.
Pour prévenir cet entrainement, il importait de prévoir des massifs drainants, du genre des pierrées. Le rôle de ces massifs drainants est de capter par l’intérieur et plus profondément possible les eaux de ces couches au contact même des couches sableuses et argileuses qui accusent une certaine pente naturelle dont on peut profiter pour évacuer les eaux drainées vers le canal.
D’un autre côté, la surface de talus argileux exposés aux agents atmosphériques pouvaient s’altérer à la longue, en profondeur, dans leurs propriétés de résistances. Les eaux météoriques peuvent y provoquer des érosions superficielles et l’action du soleil peut donner naissance à des fissures de dessiccation dans lesquelles les eaux météoriques peuvent s’introduire pour y causer une action destructrice plus profonde. L’action combinée de phénomènes de gel et de dégel peuvent accentuer le phénomène d’altération de l’argile. Pour remédier le mieux à ces actions néfastes, un drainage superficiel, véritable tapis drainant en sable et gravier avec recouvrement d’une couche de terre végétale gazonnée a été réalisé sur tout le développement des talus de la couche d’argile.
En quelques endroits des talus, dans la couche d’argile yprésienne, des poches sableuses irrégulières furent recoupées ce qui constituait un autre danger par manque d’homogénéité de la couche. Ces poches, une fois ouvertes, se vidèrent rapidement de leur eau et le vide qui en résulta fut comblé par des graviers sur lesquels le tapis drainant fut ensuite placé.
Des soins spéciaux ont été apportés dans le choix des matériaux entrant dans la composition des drains et des parties drainantes des tapis drainants.
Il importait d’abord d’éviter l’obstruction de la partie drainante, dès sa construction, par l’effet bien connu et tout naturel de l’entrainement des parties solides du terrain drainé vers le drain, qui risque ainsi de se colmater et de créer des vides autour des drains et provoquant finalement des affaissements du terrain.
On satisfait à cette condition impérieuse en entourant le massif drainant de plusieurs couches en éléments de granulométrie de plus en plus fine à l’approche du sol à assécher.
Des critères de Terzaghi qui font autorité en la matière, on a déduit que si les drains sont visitables en service, ce qui est le cas pour ceux de la tranchée de Godarville, la condition pratique à satisfaire pour la constitution des épis drains et des tapis drainants peut se résumer comme suit. Les matériaux constitutifs de deux couches drainantes successives renfermeront, à l’exclusion de 10 % des plus fins et 10% des plus gros, au moins 10 % d’éléments de même calibre.
Comme en certains endroits des couches yprésiennes dans la massif Meuse-Escaut du canal de Charleroi à Bruxelles, on a trouvé des traces de pyrite de fer grosses comme une noix dont la décomposition fait que des essais de végétation répétés dans les talus tentés en 1943 conduisirent à un insuccès, et à l’effet de neutraliser partiellement les eaux de drainage de nature acide et à pH élevé, les tapis drainants ont comporté une couche calcaire de 10 centimètres.
Et c’est ainsi que les tapis drainants d’une épaisseur de 50 centimètres comprennent une couche filtrante de 20 centimètres en contact avec les couches argileuses composée de ¾ en poids de sable bruxellien trouvé sur place mélangé à ¼ de sable de Meuse surmontée d’une couche de 20 centimètres d’épaisseur en sable de Meuse en 0/5 et une troisième couche calcaire de 10 centimètres d’épaisseur en éléments en contact avec la couche de terre végétale de 30 centimètres d’épaisseur qui est ensemencée.
Les épis drains d’une épaisseur totale de 1,60 mètres comprennent un noyau drainant d’un mètre d’épaisseur en gravier de Meuse 5/80 flanqué latéralement de deux couches filtrantes de chacune 30 centimètres d’épaisseur, chaque couche étant constituée de trois couches successives de 10 centimètres d’épaisseur chacune.
Un réseau de canalisations à ciel ouvert ou enfouies assure, par gravité, l’écoulement normal des eaux vers la cunette du canal.
Voir aussi
- Tracé et caractéristiques du canal primitif
- Transformations successives de l’ouvrage
- Imperatif des travaux de modernisation
- Sondage de reconnaissance des terrains
- Etude géologique détaillée
- Hydrologie des terrains traversés
- Essais physiques et mécaniques des terrains
- Détermination du profil
- Exécution des travaux de terrassements
- Décharges
- Travaux complémentaires
- Importance des travaux