Le 3 octobre 1916, l’ennemi a commencé à déporter en masse la population valide. Des riches ou des pauvres, avec ou sans travail sont pris impitoyablement. A la date du 25 octobre, plus de 15.000 hommes ont été emmenés des Flandres. Des chasses à l’homme ont eu lieu à Courtrai, Alost, Termonde, Gand, Bruges, etc.
La Wallonie et Bruxelles ne sont pas épargnés. Des centaines d’hommes issus des régions industrielles et agricoles furent rassemblés tels des troupeaux de bétail et soumis à un examen sanitaire. Ceux qui étaient trouvés aptes étaient envoyés vers des destinations inconnues. On vit des trains entiers de ces malheureux en route pour l’Allemagne. D’autres furent envoyés vers les départements français occupés. Les prisonniers étaient entassés dans des wagons ouverts et exposés durant tout le voyage aux intempéries sans boire ni manger. Courageux, ils ne se laissaient pas abattre malgré le froid et les privations. C’est en entonnant des chants patriotiques qu’ils subissaient cette nouvelle forme d’oppression.
L’autorité occupante s’employa à faire respecter l’ordre donné aux bourgmestres des villes et villages du Royaume. A savoir, l’obligation de fournir des contingents d’hommes valides en tant que travailleurs volontaires. Un grand nombre d’édiles belges firent preuve de courage et de civisme en essayant d’éluder les exigences allemandes. Le bourgmestre de Bruges, en refusant d’obtempérer à cet ordre qu’il jugeait inique, fut démis de ses fonctions et la ville condamnée à cent mille marks d’amende par jour de retard à l’enrôlement des travailleurs volontaires.
Des groupes de 800 à 1.200 hommes sont rassemblés sur les places des villes et dirigés vers les gares proches afin d’être déportés par trains entiers. Lorsque l’autorité communale n’a pas réuni le quota escompté, les soldats allemands pénètrent de force dans les maisons à la recherche des hommes de 15 à 60 ans. Malheur à ceux qui n’ont pas eu le temps de se cacher : ils sont emmenés à la pointe de la baïonnette vers le lieu de rassemblement. Par la même occasion, les soldats ennemis se servent sans vergogne en prenant tout ce qui les intéresse.
Le 8 novembre, c’est la région de Nivelles qui subit le même sort.
Par ordre du Kriegschef, toutes les personnes mâles âgées de plus de 17 ans sont tenues de se trouver sur la Grand-Place de Tubize à 11 heures (belge) le 9 novembre, munies de leur carte d’identité.
-Il n’est permis de se munir que d’un petit bagage à main.
-Celui qui ne se présentera pas sera déporté en Allemagne et sera passible en outre d’une forte amende et d’une longue peine d’emprisonnement.
-Les ecclésiastiques, les médecins, les avocats et les instituteurs ne devront pas se présenter.
-Le bourgmestre sera tenu responsable de la bonne exécution de cet ordre.