Ce serait s’abandonner à la facilité de paraphraser Bonaparte et de proclamer que du haut de cette tour des siècles d’Histoire nous contemplent. Mais ce ne serait que stricte vérité comme va vous le montrer le rappel chronologique que voici.
Moment | Evénement |
1436 | Philippe le Bon, par un édit, autorise l’approfondissement de la Senne pour y permettre la navigation
Le projet de relier Bruxelles au Hainaut par un canal est évoqué à plusieurs reprises, notamment lors du creusement du canal de Willebroeck. Toutefois, les moyens dont on dispose à cette époque ne permettent pas de surmonter les difficultés techniques que pose le relief des régions à traverser. |
1570 | Première évocation d’un canal relient Charleroi à Bruxelles. Sous le règne de Philippe II les villes de Bruxelles, Malines, Louvain et Anvers songent à prolonger le canal du Rupel à Bruxelles jusque Charleroi afin de recevoir par eau les charbons qui ne leur arrivaient que par de mauvaises routes. |
Avril 1656 | Les Etats du Hainaut font des propositions pour la construction d’un canal reliant la Sambre à Bruxelles en passant par Nivelles. |
25 aout 1660 | Des ingénieurs sont chargés par la ville de Bruxelles de visiter les lieux que pourrait parcourir un canal reliant Bruxelles à Charleroi. Les ingénieurs Cornelis, Jansens, Mercx, Peeters et Vanwreede présentent un premier projet de canal. Ce projet fut abandonné. |
1669 | Les commerçants bruxellois revendiquent la construction d’un canal entre Charleroi et leur ville. Cette demande ne rencontre pas l’intérêt des autorités politiques. |
1699 | Un octroi est accordé pour la création d’un canal vers la Sambre. Des travaux sont entrepris à la Porte d’Anderlecht. Inaugurés par l’électeur de Bavière Maximilien Emmanuel. Le projet est bientôt abandonné car il se heurte à l’opposition des Provinces-Unies, hostiles à toute tentative de lever le blocus de l’Escaut. |
1750 | La faisabilité d’une liaison par voie d’eau entre Charleroi et Bruxelles est à nouveau prouvée. Mais le gouvernement autrichien ne réagit pas. |
1783 | Nouveau rapport démontrant les avantages d’un canal entre les deux villes |
24/06/1789 | Naissance à Tournai de l’ingénieur Jean-Baptiste Vifquain |
1801 | Le gouvernement français charge l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées Viennois de l’étude d’un projet de construction d’un canal entre Charleroi et Bruxelles et ce, suite aux sollicitations tant des commerçants de Bruxelles que des producteurs de charbon de la région de Charleroi. Un mémoire complet est publié à cette occasion mais le projet est écarté pour des raison financières. ( Coût : 6.515.000 francs) |
25/03/1803 | Un mémoire est remis au gouvernement qui recule devant le cout élevé de la réalisation de l’ouvrage |
1808 | Jean-Baptiste Vifquain est enrôlé dans l’armée Napoléonienne. |
1812 | Jean-Baptiste Vifquain est admis à l’école polytechnique |
1817 | Projet de Barthelemy, conseiller de régence à Bruxelles. Il publie une brochure qui reste sans suite. |
31/10/1814 | Jean-Baptiste Vifquain reçoit son diplôme d’ingénieur au terme de brillantes études. |
10/01/1819 | Lauréat du concours organisé par l’empereur Guillaume pour le démantèlement des murailles de Bruxelles et la création des grands boulevards, ce que l’on appelle aujourd’hui la petite ceinture. En tant qu’architecte Jean-Baptiste Vifquain réalise la porte de Schaerbeeck, la place des Barrricades, l’hôpital et l’hospice de Tirlemont. |
1820 –1823 | Jean-Baptiste Vifquain procède à l’étude d’un canal devant relier Pommeroeul à Antoing |
1823 | Le gouvernement des Pays-Bas stimulé par l’intérêt que porte le roi Guillaume Ier au développement économique, remet la question à l’étude. En effet, il devient urgent de permettre l’acheminement direct du charbon extrait dans le Hainaut vers Bruxelles dont les besoins grandissent et d’ouvrir aux industriels du sud la voie vers le nord du pays et vers la Hollande. |
07/03/1823 | Le gouvernement des Pays-Bas (dont fait alors partie la Belgique) charge Jean-Baptiste Vifquain de reprendre les études antérieures dont celles de Viennois pour la réalisation d’un canal entre Charleroi et Bruxelles. Il conçoit un canal pour bateaux de 70 tonnes, 2,60 mètres de largeur, 19 mètres de longueur et 1,80 mètre d’enfoncement. |
1824- 1826 | Jean-Baptiste Vifquain surveille la construction du premier canal entre Pommeroeul et Antoing. |
1824 | Jean-Baptiste Vifquain participe à la création d’un réseau de chemin de fer à vocation industrielle et commerciale. |
26/01/1825 | Jean-Baptiste Vifquain présente son projet de canal reliant Bruxelles à Charleroi devant le gouvernement des Pays-Bas, département du Waterstaat |
10/01/1826 | Approbation du cahier des charges par le Ministre de l’Intérieur. |
06/03/1826 | La société Nieuwenhuis & Cie se rend adjudicataire pour trente-quatre ans de concession y compris les cinq années accordées pour les travaux. |
06/05/1826 | Approbation de l’adjudication de la concession et des travaux à la société Nieuwenhuis & Cie. |
02/04/1827 | Début des travaux de terrassements et de construction des écluses. Ils seront à peine interrompus par la révolution. |
Du 01/08/1827 au 31/12/1831 | Percement d’un tunnel à 70 tonnes d’une longueur de 1267 mètres, le tunnel de Bete refaite. |
22/09/1832 | Le canal est inauguré par de Theux le ministre de l’Intérieur du jeune Etat Belge. Le canal à 74,5 kilomètres de longueur et est aménagé pour des bateaux de 70 tonnes. Il part de Dampremy sur la Sambre, passe à Roux, à Luttre, à Godarville où il franchit grace à un tunnel de 1282 mètres la crête de partage des bassins de la Sambre et de la Senne. Il continue par Seneffe, Clabecq, Tubize, Hal et se termine à Bruxelles où il rejoint le canal de Willebroeck. Il compte cinquante-cinq écluses, onze sur le versant de la Sambre et quarante-quatre sur le versant de Bruxelles. Les travaux ont couté 10.300.000 francs.
Un premier « baquet » de Charleroi, conçu par Jean-Baptiste Vifquain quitte la ville. Il arrive à Bruxelles le 25/09/1832. |
1833 | Un arrêté royal décrète la réalisation d’un canal d’embranchement de 12 kilomètres via Mariemont et Houdeng, vers les charbonnages du Centre. Ce canal est lui aussi concédé. Exécuté de 1836 à 1839, il est inauguré le 5 aout 1839 par le roi Léopold Ier. |
1839 | Après huit années de négociation, l’état Belge rachète la concession à la société Nieuwenhuis & Cie. Les embranchements ne seront repris qu’en 1869. |
1840 | Dès cette époque on réclame la mise à grande section d’une partie du canal pour permettre l’accès aux bateaux de 300 tonnes qui fréquentaient la Sambre et les canaux vers Paris par la Sambre et l’Oise. Vifquain préconise la construction de six nouvelles écluses. |
1842 | Jean-Baptiste Vifquain publie son ouvrage « Des voies navigables en Belgique ». |
1846 | Jean-Baptiste Vifquain est admis à la retraite. |
1851 | L’Etat accorde un crédit d’un million de francs pour entamer l’élargissement. Des travaux sont effectués de 1857 à 1857 au départ de Charleroi. Ils coutent 1.950.000 francs. |
31/08/1854 | Jean-Baptiste Vifquain décède à Ivry sur Seine |
1857 | Des demandes pressantes, émanant notamment de la Chambre de Commerce de Charleroi, réclament la poursuite des travaux d’élargissement en tant que « dette nationale envers l’industrie ». |
1863 | Le gouvernement promet l’exécution « prochaine » des travaux mais finalement préférence est donnée à la construction de nouvelles lignes de chemin de fer. |
04/08/1879 | Adoption d’une loi en vue de mettre le canal en grande section dans le cadre du programme des « canaux houillers à 300 tonnes » |
1882 | On entame les travaux sur le versant de la Sambre. Ils sont terminés en 1893. Le nombre des écluses est réduit de onze à neuf |
1885 | Fin du percement du tunnel à 300 tonnes d’une longueur de 1049 mètres. |
1890 | Début des travaux sur le versant de Bruxelles. Ceux-ci n’avancent que très lentement. |
1903 | L’état décide d’exécuter les travaux du dernier tronçon entre Clabecq et Bruxelles en fonction du passage de bateaux de 600 tonnes. |
1905 | Fin des travaux de mise à 300 tonnes du canal entre Clabecq et Ronquières |
1911 | Pour des raisons financières, on en revient au programme de 1879 : bateaux de 300 tonnes exclusivement. |
1914-1918 | Une commission du Canal de Charleroi comprenant le gouverneur du Brabant Beco, des membres du Cercle des installations Maritimes, des délégués de la Chambre de Commerce de Bruxelles et de la ville de Bruxelles établissent un projet pour permettre le passage des bateaux de 600 tonnes et favoriser ainsi l’expansion industrielle du Sud de Bruxelles. |
1919 | Le ministre des Travaux Publics décide d’exécuter ce programme sur le tronçon Clabecq – Bruxelles |
14/01/1933 | Les travaux de modernisation à 300 tonnes du canal se terminent. Le canal est désormais à ce gabarit sur toute sa longueur. |
1947 | Plan du Professeur Willems pour l’aménagement de l’ensemble des voies navigables pour des bateaux de 1350 tonnes. Ce programme est adopté en 1957 dans le cadre de la normalisation européenne. |
Juin 1948 | Début des travaux de modernisation du canal à 1350 tonnes |
1957 | Création de la commission d’étude du rachat de la chute de Ronquières |
28/9/1961 | Adjudication pour les équipements électro-mécaniques du plan incliné de Ronquières. L’adjudication est de 805.000.000 de francs de l’époque. |
5/12/1961 | Adjudication définitive des travaux de génie civil pour un montant estimé de 1.033.000.000 francs de l’époque |
14/12/1961 | Adjudication pour la construction des bacs pour un montant de 57.000.000 de francs de l’époque |
Mars 1962 | Début des travaux de construction du plan incliné de Ronquières |
Août 1967 | Mise en service du bac occidental et début de l’exploitation commerciale du plan incliné de Ronquières |
1/04/1968 | Mise en service intégrale du plan incliné de Ronquières |
07/09/1968 | Fin définitive de l’ensemble des travaux de modernisation du canal Charleroi Bruxelles qui est désormais et sur toute sa longueur au gabarit de 1350 tonnes. |