Loin des villages, l’écluse de Bornival avec ses deux bassins d’épargne, son déversoir et la Thisnes qui passe sous le canal est le type même du coin d’eau et de verdure qui n’a besoin d’aucun promoteur pour assurer son succès. Pour les enfants et les parents, c’étaient de vraies vacances gratuites dans un décor paradisiaque.
On y connut une des plus fortes concentrations de pêcheurs, de nageurs, de familles avec leur panier pique-nique et l’indispensable couverture pour s’asseoir dans l’herbe. L’endroit continuera à être très fréquenté après la guerre 40-45. Il l’est encore aujourd’hui. S’y rencontraient un grand nombre de Nivellois arrivant par la vallée de la Thisnes , des Brainois, Ecaussinnois et Riverains remontant le canal à bicyclette. Les automobilistes empruntaient un chemin d’accès pavé. Tout près, un étang , une retenue d’eau , une guinguette toute neuve « Le Rossignol » (1935) et l’inévitable café du « Blanc Féto » pour le ravitaillement en limonades et en bonnes tartines au « stofé » (fromage blanc).
Tout se déroulait dans la plus parfaite harmonie car comme l’a écrit Rabelais : « Gens honnêtes, libères… ont par nature un instinct et aiguillon qui toujours les pousse à faits vertueux et retire de vice ». Aucune réglementation, aucun chapardage ! Le nageur pouvait aller se baigner tranquille tout en abandonnant ses vêtements sur la rive.
Les éclusiers furent les bons génies de cette communauté angélique. L’un d’eux louait même des maillots de bain et prêtait aimablement une pièce de sa maison éclusière pour les rhabillages, opérations acrobatiques et éminemment périlleuses quand elles se pratiquent en plein air et en public, comme chacun peut se l’imaginer !