Les premiers 300 T qu’on voit régulièrement descendre à plein appartiennent à la Centrale Electrique au charbon de Oisquercq (Electra 1, 2, 3…). Après déchargement, ils font demi-tour au large au-delà du pont et remontent à vide vers Charleroi. Quant à nos bons vieux baquets de 70 tonnes, ils naviguent par deux à la queue leu leu et passent ensemble dans les écluses. A partir de Clabecq, ils reprennent leur voyage en solitaire par le tout vieux canal jusqu’à Bruxelles. Lorsqu’en 1933, les péniches de 300 tonnes pourront atteindre la Capitale, on verra défiler toutes sortes d’autres bateaux : les pointus ou spits, avec appartements à mi-hauteur (le rouf).
Les produits transportés restent pratiquement inchangés, pour les avalants : charbon, ciment, sable…, pour les montants : grain, maïs, bois, paille, pétrole… Les pétroliers peints de rouge et de blanc exhibent leur tuyauterie prête à pomper le naphte et l’essence.
Sur le plan touristique, notons aussi les petits « canots » de plaisance que des retraités amarrent à nos berges l’espace d’un été ainsi que quelques yachts de luxe (voile et moteur), en transit, avec leurs marins d’opérette : chaussures et pantalons blancs, pseudo-casquettes d’officier chamarrées d’or. Et leurs troublantes compagnes : cols bleus et bérets à pompon ou alors maillots « bain de soleil » pour le bronzage.
Un rêve qui passe ! La Riviera à portée du regard ! Et dans l’oreille, la voix de Jean Murat, un séducteur d’alors, qui susurre « Une nuit à Monte-Carlo, une nuit sous ce divin firmament ! » du film « Le Capitaine Craddock » de 1931. Quant à la Côte d’Azur, nous la découvrirons en voiture « Vingt Ans après » comme de braves mousquetaires à la Dumas.