Entre 1930 et 1940, le halage humain disparaît et la traction chevaline s’étiole alors que se développent la traction automobile et la propulsion par moteur individuel., les uns et les autres en cohabitation plus ou moins prolongée.
Les dernières belles années du cheval
Deux chevaux marchant côte à côte sont nécessaires pour tirer une péniche de 300 T. La Société de Halage compte alors 96 chevaux. Elle est représentée dans la région par M. Van Lier de Hal qui épousera une Ittroise et s’installera rue des Rabots (écluse 28). Il y fera construire une écurie pour 16 chevaux afin de pouvoir la louer à la Société de Halage.
Circulent encore quelques « Longs Djous » (Longs Jours). Ce sont des « tchfalis » indépendants qui, pour une somme forfaitaire, prennent le bateau en charge dès le départ et le ramènent à son port d’attache après déchargement. Ils circulent le plus tard possible, partent au plus tôt le matin, empiètent sur les pauses repas et jouent un peu des coudes dans les biefs et aux écluses. La nuit, ils dorment avec leurs chevaux chez des particuliers. Pour certains fermiers ou charretiers, c’était une façon de rentabiliser leurs chevaux souvent inoccupés à la morte saison.
Quand on commence à tester les tracteurs, à recruter des chauffeurs-mécaniciens et à louer des garages les « tchfalis» savent que leur époque est révolue. Mais les chevaux resteront encore indispensables durant des années pour le passage aux écluses où ils sont d’une meilleure maniabilité que les tracteurs et pour servir d’appoint aux tracteurs en panne ce qui arrive encore durant la guerre 40-45.
Lorsque les chevaux disparurent, ce sont les moineaux du rivage qui furent le plus attrapés !
Les tracteurs automobiles sur berge
La S.A.B.E.A.C. (Société Anonyme Belge d’Exploitation d’Autochenilles) utilise d’abord des tracteurs Citroën, roues pleines à l’avant, chenilles à l’arrière, à l’image de ceux qui réalisèrent la fameuse « Croisière Jaune », Paris-Pékin en 1931 -1932 à travers l’Asie, le rouleau frontal en moins.
Carburant utilisé, l’essence puis le gasoil. Ils furent garés selon les circonstances dans l’ancienne papeterie de Samme qui flambera durant la guerre., dans les écuries Van Lier, à l’écluse 28 à Ittre, face à l’Ecluse 27 à Ronquières dans l’annexe de l’actuelle boulangerie.
Désormais le câble d’acier remplacera la corde de chanvre.
Les tracteurs furent réquisitionnés en 1939 pour aller placer des barrières anti-char entre Hal et Enghien. Bon nombre y cassèrent leurs chenilles. Les Citroën furent remplacées par de nouveaux « Herboch » au mazout plus résistant, quatre roues, échappement vers le haut.
Durant l’Occupation, la batellerie est réquisitionnée par les Allemands qui assignent à chaque société de tracteurs un secteur bien défini. La S.A.B.E.A.C. et ses « Herboch » partent assurer leur service entre Charleroi et Péronnes-lez-Antoing. Le S.T.O.N. (Service de Traction de l’Office de Navigation) nouvellement créé dessert notre région.
Les tracteurs finiront par être rassemblés dans l’ancienne usine Jacquet à Asquimpont.
La vitesse moyenne des bateaux avait doublé. En 1948 elle était de 4 km heure sur les 26,5 km de Seneffe à Clabecq et de 5 à 6 km heure sur les 22 km de Clabecq à Bruxelles.
Propulsion par moteur individuel (bateau à hélice)
Le carburant utilisé dès après la guerre 1914-1918 est le naphte ou le pétrole. Les moteurs, à consommation élevée, sont par exemple des semi-diesels à tête chaude. La mise en marche le matin est laborieuse. Il faut chauffer la tête du moteur avec une lampe à souder. D’autres utilisent pour démarrer un petit moteur d’appoint 175 Gillet.
Suivront les diesels plus pratiques et économiques transformant progressivement notre batelier traditionnel en chauffeur de poids lourd flottant !
La vitesse dans les biefs atteint chez nous 7 km heure mais les attentes aux écluses peuvent être longues.
Le bateau à moteur moins encombrant (plus de traction, ni de câble) et plus apte à la manœuvre (accélération, freinage, marche arrière) supplantera définitivement la traction automobile qui en somme n’aura duré qu’une trentaine d’années.
Les pêcheurs furent les seuls à se plaindre de cette évolution. Les remous en surface, provoqués par l’hélice des bateaux à vide, détruisaient les œufs de poisson accroché aux herbes du bord (1934).