Dans nos régions, la fin du 18ème siècle fut une période plutôt instable.
La Belgique actuelle était alors constituée grosso modo par le Pays-
Il s’agit de l’exemplaire destiné à Charles de Lorraine qui a été transféré de l’Autriche vers la Belgique en octobre 1922 dans le cadre des compensations de guerre. Les deux autres exemplaires se trouvent au Kriegsarchiv à Vienne et au Rijksarchief à La Haye.
L’Institut géographique national possède également une copie sur calque de l’exemplaire hollandais, qui a été mis à disposition par les autorités des Pays-
Le projet fut probablement inspiré par un militaire français, le colonel baron de Bon, qui fut mis à la disposition des autorités à Bruxelles par les autorités françaises pendant la guerre de sept ans. Il avait proposé aux autorités un projet de cartographie, qui fut approuvé en 1767 avant qu’il ne fût rappelé à Paris. Certaines idées de Bon se retrouvent dans la carte Ferraris, par exemple une carte double (une première à grande échelle dessinée à la main, une deuxième à moyenne échelle qui fut gravée et qui était destinée à la distribution). L’échelle de 1 : 86 400 laisse également supposer qu’il s’est fait inspirer par l’œuvre de Cassini pour cette carte.
Avant d’entamer les travaux pour une carte couvrant tout le territoire, un projet d’envergure limitée fut réalisé : la cartographie de la forêt de Soignes. Cette carte fut terminée en 1770 après deux années de travaux. Les domaines royaux de Mariemont furent également cartographiés, en attendant le début de la mission plus vaste. Le projet de Ferraris fut probablement soumis à Marie-
Le but original était de ne cartographier que les Pays-
Il s’agit de la première cartographie systématique et à grande échelle, aussi bien en “Belgique” que dans toute l’Europe occidentale. Il n’existait pas de base géométrique-
L’hypothèse de l’absence d’un réseau de triangulation de base se voit entre autres étayée lorsqu’on superpose la découpe des feuilles d’une carte Ferraris à une projection conforme de la Belgique.
La cartographie se fit en majeure partie « par arpentage et à vue ». L’exactitude varie d’une planchette à une autre.
Les feuilles de carte mesurent 0,90 x 1,40 m. Il existe plusieurs numérotations des feuilles de carte. A l’origine, il y avait 15 carte-
Les 275 feuilles de carte, regroupées, étaient accompagnées d’un texte explicatif “Mémoires historiques, chronologiques et économiques sur les .. feuilles du N°.. de la Carte de Cabinet des Païs-
En raison de l’intérêt historique, un fac-
En 2009 parut le Grand ATLAS FERRARIS, une réalisation de la Bibliothèque royale, l’IGN et les éditions Lannoo. Des posters des cartes séparées sont en vente à l’IGN et à la Bibliothèque royale.
Cette carte est une importante source d’information à plusieurs égards. On peut y trouver une représentation cartographique des limites administratives des Pays-
L’étude de la toponymie est également intéressante. En effet, il s’agit d’un inventaire complet (basé sur des listes établies par les autorités locales) des noms de lieux. Les paroisses, qui furent souvent à la base des communes après la Révolution Française, ont également été répertoriées et représentées.
Les constructions furent représentées dans un certain nombre de classes. Dans les zones rurales, toutes les maisons individuelles furent représentées, ce qui était évidemment impossible dans les zones urbaines.
Les éléments physiques du paysage furent différentiés grâce à l’utilisation de couleurs. L’occupation du sol fut représentée par un nombre restreint de classes ; leur utilité militaire est évidente (bois avec ou sans sous-
Quelques chercheurs ont étudié les informations des cartes Ferraris du point de vue de la géométrie et du contenu.
Il apparaît immédiatement, comme il a été mentionné avant, que la découpe rectangulaire des feuilles de carte telle qu’elle a été prévue par l’auteur, présente dans la pratique un déplacement et une rotation considérables vers le nord-
Une comparaison de la géométrie des cartes à l’échelle 1: 40 000 et de l’exemplaire de la Carte de Cabinet de la Bibliothèque royale Albert I a démontré qu’il existe des déviations locales importantes en sus de la déformation globales. Ces déformations sont de nature différente. Les auteurs distinguent les déformations d’orientation des réseaux routier et hydrographique, les zones à interprétation fantaisiste (bizarrement sur la frontière entre deux feuilles de carte), les tracés erronés et la schématisation exagérée. Ce dernier élément varie beaucoup d’une région à une autre, probable en raison de la qualité hétéroclite des documents dont disposaient les cartographes et de la qualité inégale des cartographes sur le terrain
En 1777 – 1778, Ferraris publie une série de 25 feuilles de carte de la même zone à l’échelle 1 : 86 400 . La découpe des feuilles de carte est une prolongation de la découpe de la Carte de France.
Suite à la réduction de la carte, Ferraris fut obligé d’utiliser des techniques comme la généralisation et la symbolisation . En outre, il dut appliquer une abréviation de la toponymie afin de gagner la place nécessaire. Comme ces cartes étaient destinées à la vente, elles sont connues sous le nom de carte marchande. Le relief fut représenté par le biais de hachures.
Pendant des dizaines d’années, la carte de cabinet ainsi que la carte marchande ont servi de base pour de nombreuses cartes dérivées.