La cense d’Haurut est dans toute la force du temps, une ferme Historique. C’est là que s’implanta le christianisme à Ronquières. Elle fut aussi le berceau de la paroisse et du village de Ronquières. Haurut est un vaste plateau qui limite deux vallées creusées au cours des siècles. D’un côté par la Mark (actuellement la Sennette) qui vient d’Ecaussinnes et de l’autre par la Samme qui vient de Feluy et qui se rejoignent au centre de Ronquières.
C’est là que vivait, vers l’an 1000, avec ses serfs et ses serves un homme très pieux nommé Bernard et qui se fit bénédictin. Il donna à son abbaye de Saint Ghislain son franc alleu d’Haurut. L’abbé Wodon y envoya six religieuses qui y construisirent un prieuré bénédictin avec chapelle, cloître et tout ce que réclamait une exploitation agricole.
Deux siècles plus tard, les bénédictins donnèrent leur domaine d’Haurut aux moines cisterciens de Cambron. Les moines exploitèrent leur domaine avec leurs convers et leurs colons jusqu’au milieu du 15eme siècle. La raréfaction des convers obligea ensuite l’abbaye de Cambron à fractionner son domaine et à le mettre en location. C’est l’origine des fermes de Malmaison, de Tombois, d’Haurut, des Queuettes, et du Quesnois. Les plus importantes sont celles d’Haurut, les Queuettes et du Quesnois. Celle d’Haurut occupait le point culminant et le centre du plateau. Elle est entourée de prairies et de terres qui constituent cette vaste exploitation. La chapelle désaffectée qui se dresse à la droite de la porte d’entrée de la cour témoigne que pendant 1000 ans les moins y dirent la messe. Au 18eme siècle,le mariage du mayeur Pierard, dernier rejeton des Antoine, y fut célébré.
La ferme a une vaste cour quadrilatère autour de laquelle s’alignaient les bâtiments. L’un des côtés constitue l’habitation du fermier, se terminant d’une part par le quartier que se réservait le propriétaire et de l’autre par la chapelle monacale qui fut reconstruite en 1786 et qui porte le millésime de sa reconstruction. Enfin, le quatrième côté est celui du four et du fournil qui est isolé à cause des dangers d’incendie que les anciens redoutaient par-dessus tout. L’un des angles donne accès au quartier appartement que le propriétaire se réservait quand il séjournait à Ronquières. Ce vaste bâtiment a été construit Léon du Coron et sa femme Marie Anne d’Ansey qui habitait Mons en hiver, mais qui faisait des séjours prolongés à Ronquières. Le dernier propriétaire du 19eme siècle y habitait toujours. L’importance de cette ferme a varié au cours des siècles et a toujours diminué.
A l’époque des premiers baux, en 1430 et en 1460, elle eut son importance la plus grande avec 150 bonniers répartit comme suit :
- 40 bonniers semés de blé
- 53 bonniers de marsage
- 44 bonniers de jachères
- 9 bonniers de prairies
La jachère jouait alors un rôle important et les terres se reposaient une année sur trois.
En 1740, l’importance de l’exploitation agricole était de
- 18 bonniers de bons pâturages
- 88 bonniers de terres labourables
- 5 bonniers de pâturages médiocres ou boscailles
Soit un total d’environ 111 bonniers.
En 1830, après la crise révolutionnaire, la ferme n’avait plus que 65 bonniers.
Le prieuré cistercien d’Haurut
Les bénédictins exploitèrent pendant deux siècles, de 980 à 1188, leur domaine d’Haurut . Pendant cinquante-quatre ans, de 1134 à 1188, ils se chargèrent des intérêts spirituels et religieux de la paroisse de Ronquières. L’arrivée des cisterciens dans le Hainaut au milieu du douzième siècle va modifier cette situation.
La seigneurie cistercienne d’Haurut
La seigneurie cistercienne d’Haurut disparut à la révolution française. Les fermes et tous les biens des cisterciens ainsi que l’ancienne cure qui servit de maison communale de 1905 à nos jours, furent confisqués, vendus aux enchères au profit du domaine. Les ventes se firent au détriment des ronquiérois. Mais la main des moines est encore visible. Nous retrouvons le vieux moulin, les vieux ponts de Chenu, de Combreuilet, de Pied d’Eau, les vieilles fermes d’Haurut, du Tombois et des Quenettes. Et par-dessus tout, la vieille église paroissiale, malheureusement détruite partiellement par l’incendie de 1924.
Les charges de la cour d’Haurut
Les charges dues au duc de Brabant
- Paiement annuel de 6 florins d’or, 6 mailles du Rhin à la vénerie du Brabant « Grands Chiens ».
- Un droit de gite une fois l’an au profit des autres officiers de la vênerie, braconniers, loutriers, bauriers.
- Une corvée de prince (2 jours) de char à fournir à Wagesmwester
- Le binaul d’Haurut à fournir à Nivelles avec son cheval et son valet pour les travaux à effectuer aux remparts.
Les fermiers et censiers d’Haurut
L’attitude des seigneurs d’Enghien vis-à-vis du domaine monacal d’Haurut est plein d’intérêts.
Dès 1411, Pierre de Luxembourg prend en arrentement le moulin de Ronquières. En 1430, il prend à bail pour 18 ans, la cense d’Haurut et ses 151 bonniers de culture. Cette spéculation semble avoir dépassé ses moyens financiers et il fut obligé de sous louer pour 9 ans à Jehan Laignaux et puis pour 9 ans à Collart Dieu qui continua son bail pendant 24 ans encore, si bien qu’il fut locataire d’Haurut pendant 33 ans.
Jehan Hallut prit alors la ferme à bail pour 9 ans ce jusqu’au milieu du 18eme siècle. C’est la famille Antoine qui occupera le plus longtemps l’importante ferme d’Haurut.
Les héritiers de Charles Antoine occupèrent et cultivèrent la ferme jusqu’au milieu du 18eme siècle. Guillaume Marsille qui avait épousé la fille de Charles et Anne Antoine prit la place de son beau-père Charles Marsille. Son fils François Piérard lui succéda. Il fut mayeur de Ronquières, épousa Françoise Marsille, fille de Charles. Avec lui s’éteignit la descendance des Antoine et les moines durent chercher d’autres locataires. Grégoire Seutin de Feluy et après lui ses enfants cultivèrent la ferme d’Haurut jusqu’à la révolution française. Elle fut alors confisquée et vendue aux enchères.
Confiscation et vente de la ferme d’Haurut
A leur arrivée en Belgique, les révolutionnaires français confisquèrent la ferme d’Haurut et la réunirent au domaine avec alors ses 79 bonniers de culture. Le 18 pluviose an IV (1793), tout le bâtiment fut adjugé au citoyen Pierre Philippe Opitum d’Ecaussinnes d’Enghien pour 2 millions et dix milles francs ou assignats. Cette adjudication ne fut pas approuvée et la ferme fut remise en vente le 18 fructidor An VIII (1800) et fut adjugée à Jean Pierre Robyns de Paris pour 32000 francs. Mais le véritable acquéreur fut Alexandre du Coron de Mons qui, en 1789 épousa Marie Anne d’Ansey. Ils eurent trois enfants Faray, Léon et Justine qui héritèrent de la ferme d’Haurut.
Au 19eme siècle, la première qui exploita la ferme après la vente à Alexandre du Coron fut Pétronille Deflandre qui épouse Michel Paul. Son frère exploitait la ferme du Quesnoy.
Quatre fermiers exploitèrent la ferme après la révolution française.
- Alexis Havaux
Natif de Braine-Le-Comte, il l’occupa pendant 18 ans, de 1808 à 1823. Il eut deux filles, Aurélie et Evelina. Cette dernière épousa Jean-Christophe Vanderelst qui sera secrétaire communal et mourra Bourgmestre de Ronquières en 1872.
Aurélie épousa Félicien Canart, propriétaire de la ferme de Landrifosse. Une fille naquit de cette union, Zoe qui héritera de la maison de Jacques Depret (aujourd’hui le restaurant le Sibemol). Alexis Havaux la vendit à son successeur André Detournay pour 4000 florins soit 7236 francs, son cheptel et son matériel agricole : douze chevaux de trait, onze poulains de 2 ans et moins, huit vaches à lait, un taureau, six génisses, deux cent moutons, un troupeau de poules et en plus six charrues, quatre binoirs et quatre herses. Le char à bœuf servait à conduire la famille du fermier à Nivelles pour les marchandises, à Hal et à Bois Seigneur Isaac pour les pélérinages.
- André Detournay
Originaire d’Ecaussinnes, il succède à Alexis Havaux à la ferme d’Haurut. Il avait épousé Thérèse Meynaert, fille de Dieudonné, propriétaire de la ferme de Malmaison. En 1844, il maire sa fille à Charles Bomal de Nivelles. Il resta fermier pendant 27 ans. Le bail que la propriétaire Maire Anne d’Ansey fit à André Detournay est plein d’intérêts en raison des prestations en nature qui y sont stipulées.
La propriétaire se réserva le quartier et ses trois jardins, l’étang est ses poissons, le pigeonnier et ses pigeons, tous les arbres à fruits de la cour et du jardin d’en bas, les pommes de court-pendu de la prairie du côté de Ronquières, le trèfle et l’herbe pour les chevaux pendant dix à douze jours, cinq charrettes de bon fumier pour ses jardins, le voiturage de ses provisions de bois et de charbon de Mons à Haurut et le droit de faire paitre un poulain et un âne pendant ses séjours à Haurut. Le fermier devait enfin fournir chaque année trois couples de poulets et trois couples de canards.
- Michel Paul
Originaire de Nivelles, il remplaça André Detournay. Il avait épousé Pauline Moucheron de Nivelles. Après la mort de sa femme, il épousa en 1863 Pétronille Deflandre, fille de Jean-Baptiste et de Marie-Jeanne Lebacq. Il mourut le 11 janvier 1899 et sa femme en 1900.
- Benoit Deprez
Benoit et sa famille remplacèrent Michel Paul en 1895 et furent fermiers d’Haurut pendant neuf ans. Ils furent remplacés par Emile Van Cutsem et sa famille. Celui-ci la céda à son fils Jean Baptiste. Aujourd’hui elle est occupée par Emile Van Cutsem, fils de Jean Baptiste et qui a racheté son exploitation en 1981.