A peu près en même temps que la seigneurie d’Enghien devenant local dans le domaine féodal et seigneurial, l’abbaye de Cambron était apparue à Ronquières et elle allait également occuper une place de première importance. En 1182, elle reprit la succession de St Ghislain comprenant la cours d’Haurut sur lequel étaient construits le moulin et l’altare du village avec la « dos eclésiae ». Cette abbaye avait été construite en 1146 et favorisée par les circonstances, l’abbaye de Cambron va s’employer à Ronquières et dans d’autres biens pour agrandir son entreprise.

Biens, revenus et propriétés foncières

L’alleu d’Haletrud qu’elle a obtenu de St Ghislain avait pour limite l’ouest du chemin numéro 1 vers Le Roeulx, sur Ronquières environ deux cent bonniers, y compris trente-trois bonniers d’Haurut. Une partie se trouvait sur Ecaussinnes Lalaing. Dès 1190, une convention libérant l’abbaye du paiement annuel à Dame Donison de Ronquières de 800 sous Nivellois et de 6 clapons, semble indiquer que cette dame lui avait cédé certaines terres.

En 1218- 1222, elle obtint d’Englebert d’Enghien et de son fils Jacques 35 à 36 bonniers de la terre du bois de Boutignies. En 1246, on mentionne 69 autres bonniers de terres à Cens dans lequel il faut comprendre le fief d’ Airode qui, dans la déclaration de 1787, semble former avec le franc alleu de Bernard le fondement de la constitution du domaine  d’Haurut.

En 1277, elle achète à Iwains de l’Escaille 15 bonniers de fief situés à Froidmont à raison de 15 livres Louvignois le bonnier.

En 1286- 1287, elle achète à Gérard d’Enghien trois journels de prés et viviers situés à Rombise. Egalement deux prés sur la rive droite de la Samme, l’un pré du « Grand Marais » de 5 journels ( bail de 1458) achetés en 1398, l’aute sous champs Maret et un journel en 1794. Le pré du moulin de Ronquières dans l’île, rive droite du bras occidental de la Samme, trois journels dans le bail de 1458. Ce pré non vendu avec le moulin en 1411 et tenu à ferme par le censier d’Haurut en 1458 par le fermier du Quesnois en 1529 fut cédé au seigneur au 17eme et  18eme siècle.

Il prenait le dos ecclesiae, un pré à Pied ‘eau avec le try al court  sur la rive gauche de la rivière de 3 journels.

Le terrain où s’élevait la nouvelle grange de la dîme, rue Surbise, concession confirmée en 1520 ou 1521.

Au temps de sa plus grande étendue, la cours d’Haurut comprenait quelques 330 bonniers dont 33 de bois sur Ronquières entre la Marck (La Sennette) et la Samme.  Aussi dut-elle construire un pont pour arriver aux biens de la rive droite et donner communication directe entre Bornival et Nivelles.  Ce pont à l’alleu a conservé son nom et désigné en même temps la ferme voisine et le hameau du pont à Lalieu.

Dîmes

Avec l’acquisition de ces terres et par la politique des autorités ecclésiastiques, Cambron s’activait pour obtenir la grosse dime que la famille de Ronquières détenait du duc de Brabant  et qu’elle ne cédera qu’avec difficultés et résistances.

En 1197, Helvide de Ronquières cède toutes les dîmes entre la Marche et la Samme (terres de Cambron et autres).

En 1229 – 1230, Henri, avec l’accord d’Englebert, seigneur d’Enghien, cède au prix d’une sérieuse compensation toute la dîme qu’il tenait à Ronquières.

En 1727- 1729, l’abbaye s’entend avec l’hôpital de Nivelles pour le partage de la dîme. L’hôpital conservera cette dîme jusqu’à la fin de l’ancien régime.

Par accord conclu en janvier 1256, le curé Godefroid abandonne une partie de ses dîmes (celles des laines et agneaux) sauf la part du clerc.

En 1458 (bail de la cense d’Haurut) Cambron possédait toujours cette dime. Plus tard, elle fut rétrocédée au curé, sauf sur les terres de l’abbaye.

Répartition de la dîme :

  • Un tiers pour le pasteur
  • Un tiers pour l’entretien de l’église
  • Un tiers pour soulager les pauvres

A la perception de ces rentes seigneuriales s’ajoutaient celles du meilleur cartel, lorsque mouraient les manants de Cambron et celles du droit de congé (en 1723, 2 patars et un florin).

L’abbaye exerçait aussi les droits  de pêche et de chasse sur son territoire. Elle fut effacée par les ducs d’Arenberg.

Quant au tiers des pauvres, on n’en voit plus la trace sauf quelques minces annonces ( trois aunes de drap ou une cape de moine et trois paires de souliers) distribués chaque année à Ronquières. Mêmes annonces dans les paroisses avoisinantes. La dime était levée.

Difficultés à propos de la cure

Vers le milieu du 17eme siècle, Abraham Desmoulins dû faire reconstruire la cure à ses frais. Il lui en couta 1927 florins. Cent florins furent donnés par Cambron et 360 par la communauté. En 1769, Marie Thérèse, par décret du 25 septembre, imposa aux décimateurs l’obligation de fournir la cure. Il en fut ainsi plus tard lorsque la cure fut reconstruite par le curé Laurent.

Rentes foncières ou cens

En octobre 1216, Cambron aurait obtenu du duc de Brabant « quitus » de ce qu’on lui devait pour le moulin.

Une réelle acquisition  les louvignois de rentes que Cambron ou des Ostes devaient à Ywains de l’Escaille pour les terres qu’il occupait à Sorbise dans un fief terroir.  Cambron les achetait au prix de 15 deniers louvignois, le denier de rente et obtenait en même temps la transformation de ce terroir, fief en héritage censaux. Pour son achat, elle paiera de son côté un cens annuel au Seigneur de l’Escaille.

A la réception du meilleur cartel, lorsque mouraient les manants de Cambron, et celle du droit de congé, lorsque les biens passaient de mains à autres par héritage, vente ou achat, ou lorsque se créaient ou le remboursement des rentes hypothécaires sur eux. L’abbaye a du exercer les droits de pêche et de chasse sur son domaine ronquiérois.

Les travaux de défrichement ont laissés des traces non seulement dans les documents écrits mais aussi dans plusieurs lieu-dit  comme « le sart des chevaux », campagne des sarts, terres le sart. Son rôle de défrichement à Ronquières n’est pas exagéré et ne dépasse pas les 100 bonniers défrichés.

Cambron arrente ou afferme ses biens

Au 14eme siècle, les abbayes cisterciennes ont dû renoncer à ce mode de culture qui avait fait leur renommée. Elles doivent morceler leur domaine, les remettre à des tenanciers qui deviennent simplement des rentiers du sol. Quoi qu’il en soit, Cambron à Ecaussinnes et à Feluy, comme à Ronquières va affermer ses propriétés à des censiers ou les vendre par arrentement à titre définitif.

A Ronquières c’est ce dernier procédé qui est d’abord pratiqué. Les premières opérations du 14eme siècle sont peu importantes. 

En 1310, 9 journels en deux pièces près du bois de la Houssière ; en décembre 1314, un courtil à Sorbise.

En novembre 1315, 80 verges tenant au pré du Mares. En mai 1326, 5 huisines de blé, d’écorces, le tordoir et le pré tenant, un demi-bonnier, au Nord-Ouest de l’Ile qui était déjà en 1336 affermée à Cens, est arrenté d’abord à Hanin le Vioul, dit le monsieur, qui le cède en 1411 au seigneur Pierre de Luxembourg.

En 1412, 72 bonniers, les plus proches du centre du village, sont cédés par arrentement à Estievenant du Gailler et Gilbecarte Lhoste, parents et officiers de l’abbé. C’est ici que prend naissance la ferme du Quesnois.

Une partie de ses terres sont cédées par arrentement vers 1485 – 1486 à Jacquenart de Lasnecq qui en fera une seconde ferme, la maison à Jacques Delalieu et plus tard la ferme de la belle maison à Sorbise.

Vers 1453, 18 bonniers du Quesnois seront attribués par héritage à Michel Antoine. Avec une terre voisine, ils formeront une troisième ferme qui était l’ancienne ferme Tunus.

En  1452, la maison et l’héritage de Malmaison sont arrentés à Colart-Dieu, censier d’Haurut et frère de Guillaume Dieu (1461-1501). Le 5 aout 1458, on y ajoute 31 bonniers et 3 journelles soit en tout 31,3 bonniers à charge de construire les bâtiments de la ferme. Le 2 juin 1461, encore 6 bonniers et 3 journelles soit en tout 38 bonniers dont 22 à Ronquières et 16 à Ecaussinnes. Ainsi prend naissance la quatrième ferme.

En 1452, sont arrentées aux propriétés de la bruyère 1 journelle de pré et un courtil à Lubarmont, près du grand marais de Chenu.  Le 3 janvier 1459, c’est le vivier de l’alluet qui est arrenté de 3 journelles (une partie sur Ronquières et l’autre sur Feluy).

Le premier mars 1514-1515, 24 bonniers terres à cheval sur Ronquières et Ecaussinnes sont cédés à Jehan Antoine du Quesnois. Le gros domaine de plus de 180 bonniers près d’Haurut qui était exploité par des convers va être remis à bail à partir de juillet 1430 et pour 18 ans au seigneur Pierre de Luxembourg.

En 1448, Cambron concéda pendant 12 ans la moitié des 27 bonniers du bail à des censiers particuliers dont les premiers furent de 1472 à 1481 Jehan Hallut. A partir de 1481 et pendant deux siècles à Jehan Antoine et à ses descendants.

C’est dans la seconde moitié du 15eme siècle qu’une partie de ses terres furent constituées en fermes distinctes : le Tombois (ou Combreuil). On en mentionnerait déjà les baux dès 1479.

Trois d’entre elles resteront définitivement indépendantes : Malmaison, Queuwettes et Belle Maison.

Le Quesnois rentrera en 1600 dans le domaine de Cambron, comme le Tombois. Il continuera à constituer une ferme distincte affermée par un censier particulier.

Il est à noter que le bois d’Haurut soit 88 bonniers, une journelle et 40 verges dont 33 bonniers sur Ronquières étaient encore biens du clergé en 1787 et restaient sous l’exploitation directe de l’abbaye.