Dès 1802, Louis Desmedt avait introduit l’industrie du coton à Braine-le-Comte. La machinerie qu’il installa dans son usine est intéressante parce que révélatrice du mécanisme de ‘industrie elle-même. Deux moulins à filer le coton, deux écarderies dont les cylindres sont « encardés de fer » , un laminoir, un dévidoir et un bobinoire avec 250 grosses bobines et 400petites ».
Le mécanisme de la filature de coton de Braine-le-Comte se composait donc de moulins à filer le coton, de machines à le carder, de dévidoirs pour le mettre en pelotes ou en échevaux et de bobinoires ou de machines pour l’enrouler sur des bobines. Ces machines servaient les unes à fabriquer le fil de coton, les autres à lui donner la forme marchande.
Cette machinerie était assez simple et d’une mise en marche relativement pratique, ne nécessitant ni apprentissage compliqué ni spécialisation difficile.
Le dictionnaire géographique de Dewez en 1829 ne signale que la filature de coton d’Ophain, ce qui prouve que le coton n’était guère utilisé alors dans nos régions.
Le choix de Gueulo pour une filature de coton
Etienne Denis possédait au pied du mont Lobiwarde un terrain d’un hectare septance-cinq ares à cheval sur la Marck et convenant très bien pour une petite usine. Situé à proximité de Ronquières, il permettait un facile recrutement de la main d’oeuvre. Et si le système routier y était défectueux, cela importait assez peu parce que l’industrie cotonnière n’utilisait ni matières pondéreuses ni marchandises encombrantes. Le grand avantage de l’emplacement choisi est qu’on pouvait y utiliser la force hydraulique nécessaire à la mise en action d’une machinerie industrielle.
Les installations industrielles de Gueulo
Ce sont les régistres communaux qui vont renseigner sur les installations qu’Étienne Denis fit à Gueulo pour sa filature de coton en 1835.
D’abord on construisit un barrage d’une hauteur de trois aunes. On dragua alors la Marck sur une longueur de 262 aunes afin d’accroitre la capacité de son lit et le volume de ses eaux en vue de leur utilisation en force hydraulique. On y installa alors deux roues hydrauliques à auges avec une double canalisation pour l’adduction des eaux nécessaires à leur mise en marche.
Ce qui reste de la filature complète ce que disent les régistres communaux. On y construisit un pont en pierre qui est toujours là. On y ajouta une maison d’habitation et les batiments industriels et le tout fut complété par des jetées dont on encadra les rives de la rivière en vue d’accroître la capacité de celle-ci. Cette installation se compléta d’une machinerie qu’Étienne Denis se contenta de copier sur celle de la filature de Louis Desmet de Braine-le-Comte. Nous y trouverons des moulins à filer le coton, des carderies pour le carder, des retordoirs ou laminoirs pour l’affiner, des dévidoirs pour distribuer le fil de coton en échevaux et en pelotes et en bobinoires pour l’enrouler sur les bobines.
Ainsi équipée, la filature de coton de Gueulo entra sans tarder en activité sous la direction d’Étienne Denis. Cette activité dura une quinzaine d’années et cessa vers 1850 à la mort d’Étienne Denis.
Le déclin et la liquidation.
Le déclin et la décadence de la filature de Gueulo coïncida avec celle que Maximilien Hélin avait établie à Pieds d’eau. Elle en a la même origine, la concurrence des grandes usines qui commencent alors à se multiplier dans tout le pays.
Le déclin se fait par étapes. En 1852 la filature de Gueulo est mise en location et louée à Dominique Mercier, filtier à Wauthier Braine et à ses associés Edouard Vanderplancke et Louis Simonet de Ronquières. Le 16 mars 1858, la filature est exposée en vente mais il ne se présente aucun amateur. Le 22 et 23 mars suivants, on vend publiquement le matériel et les marchandises. Enfin, en 1861, les héritiers d’Étienne Denis trouvent enfin des amateurs qui se décident à l’acheter.
La vente de la filature de Gueulo
En 1861 Télesphore Balsac, mécanicien des usines de Maximilien Hélin et Pierre Jamar, menuisier charpentier se décidèrent à acheter la filature des Denis. Le prix de vente est fixé à 30.000 francs, payables en 5 ans avec un intéret de 5 %. Les acquéreurs prennent en outre à leurs charges la rente de 178 francs due aux orphelins de Soignies. Cette rente représentait un capital de 534O francs et était payable au 8 novembre 1861. Les acheteurs devaient en outre supporter les frais d’enregistrement, la transcription , de timbres et d’expédition. Balsac et Jamar entraient en possession de la filature le 1er mars 1861.
La filature de coton d’Étienne Denis prenait fin. Elle était en activité depuis 1835. Une autre industrie allait la remplacer.