C’est en neuf cent quatre-vingt que Ronkières fit son apparition dans l’Histoire.
Nous y trouvons un riche propriétaire dénommé « Halletrud » au « Haurut » . C’était un franc « allen » se trouvant en dehors de tout bien féodal. Elle était dénommée « Dominus Totus » ville de Ronkières. C’était un fief qui relevait du duché de Brabant. Le franc Allen d’Halletrud fut d’abord une seigneurie laïque.
En 980, elle prit un caractère ecclésiastique et appartint d’abord aux bénédictins puis aux cisterciens. Le domaine s’étendait sur un vaste plateau de trois cent cinquante bonniers environ, situés à Ronkières, sur Feluy, Ecaussinnes et Henripont.
En l’an neuf cent, le franc Allen d’Haurut appartenait à un certain Bernard qui l’exploitait avec des cerfs. Nous croyons que le domaine était alors visité et dirigé par un prêtre itinérant qui, périodiquement visitait la communauté, y prêchant et y administrant les sacrements.
La seigneurie laïque d’Haurut prit fin en 980, quand Bernard se fit Bénédictin et donna son domaine à la célèbre abbaye de Saint-Ghislain.
C’est la donation de Bernard, qui donna naissance au prieuré d’Haurut, en déterminant l’abbaye de Saint Ghislain à envoyer une colonie bénédictine. Le prieuré fut fondé par l’abbé Wodon. Dès l’acte de donation signé, Wodon suit en valeur ses nouvelles possessions. Il envoya six religieux et y fit construire une chapelle, des cloitres et les bâtiments nécessaires à la vie religieuse et agricole. Le prieuré d’Haurut devenait une succursale de l’abbaye de Saint Ghislain. Les documents sont muets sur l’activité des bénédictins d’Haurut. Nous savons toutefois qu’en 1134, l’évêque de Cambrai donna à l’abbaye de Saint Ghislain les « Altaria » de Ronquières pour les bénédictins d’Haurut. Cette donation souligne que le culte était organisé à Ronquières et qu’il existait une église paroissiale.
Si l’évêque de Cambrai donne cete paroisse aux bénédictins, c’est en vue du recrutement du clergé paroissial qui sera assuré par le prieuré d’Haurut. Cette affirmation est confirmée par le fait qu’en 1212 déjà, Ronquières avait une cour scrabiale de sept échevins et constituait une communauté bien organisée. Si, au point de vue religieux, Haurut était un prieuré et une dépendance de Saint Ghislain, au point de vue domanial, il était un Allen aux seigneuries étrangères à la hiérarchie féodale.
Il jouissait d’une autonomie complète, bien englobée dans la seigneurie territoriale de Ronquières appartenant aux ducs d’Enghien et dépendant des ducs de Brabant.
En signe de leur souveraineté, les moines y avaient un bailli, ou maire et un sergent. Ils y possédaient la moyenne et basse justice. Quant à l’activité économique des bénédictins d’Haurut, la tradition littéraire n’en a laissé aucune trace, si ce n’est quelques allusions au moulin « Molendinum » qui, dans la donation de 980 était modestement inclus dans les dépendances faisant partie du franc Allen.